Non, Vivendi n'avait pas dit son dernier mot !
Le lancement en version béta de Zaoza, plateforme de contenus et services numériques pour ordinateur et téléphone mobile, signe en effet le grand retour du groupe français sur le marché très concurrentiel de la convergence.
Vivendi aura donc mis presque 7 ans à "digérer" la mort prématurée du portail Vizzavi et à en tirer toutes les leçons. Aujourd'hui, le groupe revient en force avec une offre de convergence qui, comme la précédente, capitalise sur la richesse de ses contenus mais qui, cette fois, s'efforçe d'éviter les écueils vers lesquels Jean Marie Messier avait entraîné son "portail mutimédia".
Les bonnes recettes de Vizzavi: des contenus riches et un portefeuille de clients à prospecter...
En 7 ans, beaucoup de choses ont changé. Vivendi a perdu de sa superbe et a réduit ses ambitions mondiales mais il a réussi néanmoins à conserver la part essentielle de ses actifs. Il a même renforçé ses positions sur son métier de base: la distribution de contenus payants.
En s'appuyant sur ses principales filiales: Canal+, Vivendi Universal Music, Vivendi Games mobile, SFR... le groupe dispose ainsi d'une offre de contenus exclusifs et inédits et d'un portefeuille de quelques dizaines de millions de clients à prospecter en priorité.
Un catalogue de contenus attractifs et l'accès à une base de données clients significative, voilà des atouts majeurs pour se positionner sur le marché de la convergence ! Mais les promoteurs de Zaoza sont bien placés pour savoir que Vizzavi possédait les mêmes avantages et que cela n'a pas suffit pour garantir le succès de la plateforme.
Pour assurer à la nouvelle marque un avenir plus prospère que celui de son prédécesseur bien d'autres ingrédients sont nécessaires ...
... Le réalisme en plus, la mégalomanie en moins
Avec le temps et l'expérience, Vivendi a appris à se méfier du "tout gratuit" qui finit toujours par tirer l'offre vers le bas et qui, au bout du compte, ne contente ni les fournisseurs de contenus ni les clients. Zaoza mise sur la qualité et l'exclusivité de ses contenus pour se distinguer de ses concurrents. Tout cela a un prix. Le modèle sera donc "raisonnablement payant " (on annonce un abonnement de l'ordre de 3 à 5 euros par mois pour accéder à l'ensemble de l'offre sur tous les supports).
Pour donner à son nouveau projet toutes les chances de succès ( lui pardonnerait-on un deuxième fiasco ?), le groupe de Jean Bernard Levy a aussi tiré les leçons de l'échec relatif de l'Internet mobile: jusqu'à présent, la qualité de réception insuffisante, l'opacité des systèmes de tarification et la complexité de l'ergonomie des mobiles avaient découragé le grand public de consommer des contenus sur le téléphone. Tous ces freins sont aujourd'hui en voie de disparition: l'arrivée du très haut débit va faire tomber la barrière de la qualité de réception, les offres illimitées proposées par les opérateurs garantissent une tarification plus claire et Zaoza promet à ses futurs clients une interface d'une simplicité quasi "magique".
Malgré tout cela, par prudence (ou par superstition peut être), Vivendi a opté pour une stratégie de lancement relativement modeste qui s'appuie avant tout sur le buzz (un dispositif viral a été mis en place à partir du 21 novembre) et la démonstration. Pendant la phase de pré-lancement qui durera jusqu'en janvier 2008, Zaoza va solliciter des ambassadeurs au coeur de sa cible: les jeunes internautes friands de contenus. La marque compte d'abord sur ces "testeurs fondateurs" pour aller "prêcher la bonne parole" auprès du grand public. L'ère des "people" et des "VIP" est révolue, on est dans la démonstration pas dans le show !
Et un zeste de "participatif" pour être dans le ton
Vizzavi se voulait "plateforme multimédia", l'ambition de Zaoza est plus large. Pour être "de son temps" , le portail se fera aussi "réseau social" et proposera à ses abonnés de partager en ligne et en live leurs contenus et leurs créations .
Le nouveau projet de Vivendi est ambitieux et audacieux mais apparemment bien réfléchi et raisonnable. Vizzavi n'aura été qu'un "brouillon", un rêve vite évanouie. Souhaitons "longue vie" à ZAOZA pour que la chimère de Messier trouve enfin un aboutissement et se transforme finalement en une entreprise réaliste et profitable.
Commentaires